Né en 1961 sous l’impulsion de passionnés regroupés dans une association toujours active aujourd’hui, le Musée de la Pêche est un établissement pionnier pour la valorisation de la pêche professionnelle en mer, d’autant que l’histoire de la ville de Concarneau est étroitement liée à l’activité de son port.
Au fil de l'histoire
La pêche est une pratique commune à presque toutes les civilisations sur terre. Elle s'est développée pendant le Paléolithique supérieur, entre 40 000 et 10 000 ans avant notre ère.
Les hommes et les femmes ont d'abord pêché pour se nourrir avant de commercialiser, dès l’Antiquité, leurs coquillages et poissons. A chaque région du monde, à chaque époque, correspondent des bateaux et des techniques spécifiques que vous allez apprendre à identifier au fil de votre visite.
Toutes voiles dehors
Les Neandertaliens maîtrisaient déjà l’art du cordage qui, avec les voiles, constitue un des éléments essentiels de la navigation. Les bouts et les nœuds servent aussi bien à assembler certains bateaux et radeaux qu’à fixer des engins de pêche, de manœuvre... L'art des nœuds ou matelotage s'enseigne aujourd'hui encore dans les écoles de pêche.
La fabrication des voiles nécessite, quant à elle, un savoir-faire pointu et du matériel adapté, comme en témoigne la machine à coudre La Comtesse. Avant d'être mécanisée, la voilerie était le domaine réservé de quelques artisans spécialisés.
Au chantier naval
Pas de pêche en mer loin des côtes sans navire et pas de navire sans constructeur, qu’il soit professionnel ou amateur. Pendant des siècles, les techniques de construction navale se sont transmises de charpentiers en charpentiers sans théorisation ni obligation. Ce n’est qu’à la fin du XVIIe siècle qu’apparaît la normalisation des constructions.
Du simple tronc creusé au thonier-senneur, de la charpente bois à la charpente acier, le musée évoque l’évolution du chantier naval et de ses outils.
De la mer à l'assiette, conserves et poissons
Dès les débuts de l’agriculture, le sel a servi à la conservation des aliments. Les pêcheurs utilisaient la technique du salage en mer pour la morue ou le hareng, à bord des bateaux partis pêcher loin des côtes. La salaison est souvent suivie d’un autre traitement, comme le fumage ou le séchage.
Au début du XIXe siècle, apparaissent les boîtes de conserve, entraînant la naissance d'une nouvelle industrie. Concarneau devient l'un des principaux lieux de mise en boîte de la sardine. La mécanisation permet le sertissage et modifie à la fois les techniques mais aussi le travail dans les conserveries.
Pêcher en Bretagne
La pêche professionnelle varie en fonction de la durée des sorties en mer, de l'éloignement du lieu de pêche, du type de poisson débarqué ou de la taille du bateau.
Que ce soit la petite pêche, la pêche côtière, la pêche au large ou hauturière, ou encore la grande pêche, les marins bretons pratiquent tous les métiers.
Découvrez la pêche à la langouste, côtière puis hauturière, les casiers, la palangre et ses hameçons de toutes tailles, la pêche à pied et la traque de la sardine à bord de bateaux qui n'ont cessé d'évoluer.
S’affranchir du vent
Cohabitant dans un premier temps avec la voile, le moteur, dont les premiers essais remontent à 1783, s’impose peu à peu sur les bateaux de pêche. Dès 1866, la société des pêcheries de l’Océan arme les premiers chalutiers à moteur à vapeur et à hélice. Désormais, plusieurs sortes de motorisation sont déclinées pour les bateaux de pêche comme les moteurs diesel ou les moteurs essence.
Aujourd’hui, le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) aide les pêcheurs à s’équiper de nouveaux moteurs, moins polluants et intégrant une démarche d’économie d’énergie.
Quand on chassait les cétacés
Attestée dès le XIe siècle au pays Basque, cette chasse s’est intensifiée au XVIe siècle et a connu un essor marqué au XIXe siècle. Des flottes de navires baleiniers parcouraient les mers du monde, parfois pendant plusieurs mois, pour traquer ces mammifères marins.
Les évolutions techniques, comme l’utilisation des bateaux à vapeur, l’emploi de harpons propulsés, la constitution de flottilles sur des zones densément peuplées, ont intensifié les campagnes de pêche, menaçant ainsi la survie de plusieurs espèces de cétacés.
Cette chasse avait des objectifs économiques : l’huile de baleine, son principal produit, servait essentiellement à l’éclairage public mais aussi pour la fabrication des savons.
Pêcher au chalut
Le chalutage est une des pêches les plus multiformes et les plus pratiquées encore aujourd'hui dans le monde. Le chalut est un filet en forme de poche maintenue ouverte, tracté par un ou deuxbateaux.
Il peut être à perche, à panneaux et de fond, pélagique ou semi-pélagique. Les chalutiers ont d'abord été propulsés à voile puis à vapeur et enfin à moteur.
Dans les années 1960, le filet ne se remonte plus par le côté mais à la poupe du navire. Cette "pêche arrière" apporte confort et sécurité aux marins.
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Pêcher au thon
Connue en Méditerranée depuis des siècles, cette pêche ne s'est développée sur la côte atlantique qu'à partir du XIXe siècle. Au large de la Bretagne sud, on traque le thon blanc ou germon, à bord de chaloupes pontées puis de thoniers dundees, de chalutiers thoniers ou germoniers. Les pêcheurs se servent soit de la ligne traînante, soit de la senne. La ligne se pratique à bord des canneurs ou clippers où l’on pratique la pêche à l'appât vivant. Quant à la senne, elle n'a été adaptée au thon qu'au milieu du XXe siècle.
Aujourd'hui, les thoniers-senneurs-congélateurs naviguent au large de l'Afrique de l'Ouest et dans l'océan Indien. Le port de Concarneau est le seul du Finistère à accueillir cette flottille constituée de navires mesurant de 60 à 85 mètres.
Les enjeux de la pêche aujourd’hui
Depuis plusieurs années, le monde de la pêche prend progressivement en compte la gestion de la ressource. Aujourd’hui, près de 50 % des captures en mer le sont de façon durable. L’objectif est d’atteindre le "rendement maximal durable", c’est-à-dire la quantité d’individus d’une même espèce que les pêcheurs peuvent capturer sans affecter le processus de reproduction.
Depuis 2019, les pêcheurs doivent rapporter au port toutes leurs captures et cherchent donc à améliorer la sélectivité de leurs engins de pêche. Suivant l’adage "trier sur le fond plutôt que sur le pont", ils s’associent à des organismes de recherche, tel Ifremer, pour utiliser des engins de capture de plus en plus sélectifs.
Sur le port de Concarneau, les côtiers (bateaux partant en mer pour des marées de quelques jours) sont nombreux, pêchant des espèces locales comme la sardine, la langoustine et le bar.